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LOIN DE LA TERRE NATALE

Jean se soulage enfin des rancœurs qu’il avait accumulées depuis dix mois contre ce qu’il appelait sa triste destinée.

— « Et Jean Pèlerin fuit sa destinée ou court après la fortune sous la vareuse d’un gabier ? Non ; il y a mieux que ça, vois-tu. C’était de te rappeler ce que je te disais à bord du Dauphin ; c’était de mettre en valeur et non pas déguiser ton instruction déjà notable, ta vigueur physique, ton énergie, ton intelligence à l’affût des connaissances nouvelles à acquérir. Avec cela, si la terre des ancêtres canadiens fait défaut, on s’empare légitimement et vaillamment des capitaux de l’étranger. Je sais que ton éducation ne t’a pas préparé pour cette vie-là, non plus que pour la vie de marin du reste ; mais avec les ressources intellectuelles que tu possèdes il faut savoir parer aux impromptus de la vie.

« Ne serais-tu pas romanesque, Jean ? N’y a-t-il pas chez toi un peu trop d’orgueil inerte avec trop peu d’énergie ? Je connais bien des gens aux États-Unis qui recherchent leur destinée dans le tra-