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L’OEIL DU PHARE

lettres de créance et tout ce qu’il te faudra, et tu vas t’en aller conjurer ce que tu appelles ta triste destinée, auprès de ma mère qui n’a eu comme la tienne qu’un seul fils à aimer. Aime-là aussi comme j’aurais voulu aimer plus longtemps ma bonne tante. Je serai là un jour pour te voir me donner raison.

— Mais que puis-je faire dans cette usine ?

— Tout, en commençant par dépouiller la défiance de toi-même. Tu paieras d’assurance, de cette audace même qui conduit à la fortune ainsi que tes latins le supposaient, et que les américains en sont bien certains. Le travail le plus simple que tu feras d’abord, serait-ce celui du manœuvre, fais-le bien, avec intelligence, autrement, mieux que tout autre, si tu le peux ! Pour la mentalité américaine, c’est le gage le plus sûr des promotions, qui supplée aux diplômes et aux brevets. Je serai là bientôt pour seconder tes efforts, te substituer progressivement à la direction des affaires dont je ne veux pas. Je veux t’ap-