Aller au contenu

Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
L’ŒIL DU PHARE

en nos âmes la douceur des liens de famille et une multitude de souvenirs intimes et familiers. »

Jean Pèlerin, lui, n’avait eu à conserver des siens, comme patrimoine, pour le transmettre à ses enfants avec la pureté de sa race, que les sentiments d’un cœur bien né et de tristes souvenirs. La vie qui lui sourit maintenant, il en doit les beaux jours à son mérite personnel d’abord, bien qu’il se garde de mettre en oubli aucune des faveurs venues en aide à ce mérite. Il irait même jusqu’à faire la part de reconnaissance trop large à cette patrie adoptive qui lui a donné son pain, dira-t-il, si la patrie canadienne qui lui a donné la vie n’avait laissé aussi profonde, dans sa mentalité et dans celle de sa femme, son indélébile empreinte. Mais provisoirement, il est trop pris dans le tourbillon des intérêts matériels, par la jouissance de s’enrichir pour rien sacrifier au sentimentalisme national. En pleine moisson, il ne songe pas encore, pour en souffrir, à l’ultime journée du chômage. Cependant, l’heure viendra