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FORTUNE LÉGUÉE ET FORTUNE ACQUISE

me Dupin de pactiser avec ce sentiment national ; car trois générations des siens ont forcément perdu de leur verdeur native depuis leur transplantation dans le terroir américain. Depuis trop longtemps le regret de la patrie absente est devenu pour eux platonique. La langue du pays d’adoption ne leur a demandé aucun renoncement et leur sens religieux s’accommode aisément du catholicisme américain, ne serait-ce que celui de la Dancing Church.

Partant, la famille d’Émile Dupin restera plutôt de race canadienne française, parce que lui-même, grâce à ses études et à ses relations sociales, a su conserver l’usage de la langue et des coutumes françaises.

Or « la volonté de durer est la base essentielle du sentiment national ».

La nationalité, « c’est la culture soigneuse des pensées et des habitudes de vie nationale qui nous sont plus chères que d’autres parce qu’elles sont essentiellement « nôtres », tout comme les coutumes familiales ont pour chacun de nous une saveur particulière, et évoquent spontanément