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NOSTALGIE

risme : ubi bene ibi patria ! S’il vivait encore, le cher vieillard, j’aurais grand plaisir à aller lui en faire l’aveu, comme d’une erreur de ma jeunesse. »

Et résumant tout cela dans une plaisanterie, il s’écriait, comme Louis Veuillot en Algérie. « Ah ! chien de chien que je suis Français ».

Jean, trop intimement ému lui-même, fait bonne contenance en le laissant dire. Elle est plus que jamais évidente l’évolution qui s’est également opérée dans son esprit en ces dernières temps. Aussi longtemps qu’il a vécu à demi dans la chrysalide de sa pauvreté, l’appétence de son essor futur sur les ailes de la fortune, en accaparant toutes ses énergies, ne laissait que peu d’emprise aux regrets du passé. Mais aujourd’hui que les inquiétudes éliminées de l’avenir y ont fait place plus grande, ils affluent, ces souvenirs, à son esprit assagi parce qu’il a vécu ; à son cœur inquiet, parce qu’il est père.

« Notre destinée n’est pas un phénomène présent à nos regards ; elle embrasse