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L’ŒIL DU PHARE

un passé qui nous est invisible, un avenir qui l’est également. »

Les autres une fois partis, Jean sa femme et la tante Dupin évoqueront de mieux en mieux ces choses invisibles du passé pour leur demander le pronostic de celles de l’avenir. Mais avec ces soucis grandira, dans leur âme et tout leur être, le malaise pour eux encore indéfinissable de la nostalgie.

Ils sentiront d’abord combien il leur serait doux de revoir avec leurs enfants le pays de leur jeunesse, la scène première des appréhensions de leur existence, maintenant que les vicissitudes alors imprévues sont irrévocablement aussi choses du passé. Et le magnétisme de leur affection pour ceux qui s’en vont au Canada attirera leur pensée vers la vie canadienne, d’autant plus irrésistiblement que la sensation orgueilleuse de leur bien-être social y convie leur amour propre de parvenus.

Partant, l’exil, — on lui donnera plus volontiers ce nom désormais, — leur sera de plus en plus pénible.