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NOSTALGIE

Il est vrai que l’on vit dans l’opulence, mais que de choses encore n’ont cessé de regretter secrètement, jusqu’à cette heure, la vieille tante et la nièce canadiennes, originaires de la même paroisse. Elles n’ont jamais bien compris ni vécu normalement la vie américaine. Aussi longtemps que son mari a vécu, la veuve Dupin s’est trop identifiée avec lui dans les aspirations du prolétaire pour ne pas ajourner, par exemple, les réclamations si légitimes de son état d’âme jamais sérieusement compromis, sans doute, mais progressivement influencé par les scrupules séniles de sa conscience villageoise. En ces dernières années surtout, elle regrettait l’absence des belles fêtes religieuses qui firent l’édification de sa jeunesse, l’exercice du culte en sa langue, les intimes consolations du vieillard enfin à l’église de son village. Elle trouva à qui parler de ces choses avec Rose Després, sa nièce pour cela même tant affectionnée. Jean, pareillement, ne recouvrait pas, tant s’en fallait, dans la célébration du Quatre Juillet, tout l’enthousiasme de sa foi civique,