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L’ŒIL DU PHARE

revenus à l’étranger. Mais quand elle monte dans les cœurs, c’est pour les étioler. Les deux familles transplantées ne font plus que languir.

L’industrie Bridging and Steel Works, corps sans âme, ne souffre aucunement de ces malaises. L’impulsion donnée par les nouvelles méthodes est en plein rapport ; le rendement s’améliore ; les dividendes s’accroissent ; la force acquise, pour ainsi dire, travaille seule à l’accumulation de la richesse.

Par contre, les deux cousins qui n’auraient plus à s’inquiéter du souci des choses extérieures, voient s’introduire au milieu d’eux un hôte inaccoutumé et malencontreux : la maladie. Le docteur Dupin n’a pu s’empêcher de constater que, chez Jean, durant ces derniers mois d’automne, l’activité de l’esprit où s’entremêlent les réminiscences et les regrets des choses canadiennes, est devenu morbide. Aussi longtemps que, suivant l’expression pittoresque de Lacordaire, « tout l’effort de ses facultés s’est tendu vers l’idolâtrie de son avenir »,