Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
LE COUSIN D’AMÉRIQUE

le dire, sans plus tarder. C’est facile à voir, — en quoi je vous félicite aussi, — vous êtes bien canadien par le cœur qui vous rapproche de bons parents humbles, et bien français par votre parler. Ce que l’on ne trouve pas toujours, hélas ! chez vos congénères de là-bas.

— Oh ! cela, monsieur, tient à deux causes qui me laissent assez peu de mérite. Là-bas, si l’on excepte certaine plutocratie qui recherche les oripeaux aristocratiques ou nobiliaires, les classes moyennes préfèrent aux reliefs du lignage la valeur personnelle due à l’effort, au mérite ou au talent d’un chacun, au titre de vicomte ou de marquis, par exemple, celui du parvenu, du bachelier, ou du simple athlète. Aussi en avons-nous des champions de toutes sortes ! Partant, les mérites individuels y aplanissent plus facilement les inégalités sociales.

« Quant à mon parler français, si je n’ai pas fait comme d’autres qui poussent l’ignorance ou la stupidité jusqu’à travestir leurs noms de famille, je le dois en premier lieu à ma mère dont l’instruction bien