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L’ŒIL DU PHARE

française, puisée dans l’un de vos couvents, veilla constamment à préserver notre langue au foyer contre la contamination apportée de l’école ou de la rue. Je le dois ensuite, je veux encore vous l’avouer, à la fréquentation chez une famille de parisiens immigrée chez nous, et restée réfractaire au travestissement du langage. Comme vous le voyez, il ne me reste plus rien de vos éloges, et vous ne ferez pas de moi pour cela un bien grand patriote canadien.

— De mieux en mieux, mon cher. Et pour toi, Jean, voilà la plus belle leçon que je n’aurais pu te donner sur le respect qu’il faut avoir pour sa mère et la langue de sa mère.

« Au fait, maintenant, que faisons-nous de Jean qui veut être malade ?

— Jean, je l’emmène, pour le présent, si vous le voulez bien, parcourir un peu la patrie de ses pères, comme vous dites, et, plus tard, nous verrons, sous d’autres cieux, si la patrie de ses pères se refuse à le mettre en valeur. »

Le vieux curé hésite ; son œil s’est assom-