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LE COUSIN D’AMÉRIQUE

bri ; un nuage passe évidemment dans son esprit, mais ce n’est encore qu’un nuage, il faut en sourire, et il reprend :

— « Jean n’est pas pressé ; sa patrie non plus, et mieux il la connaîtra, moins il voudra, espérons-le, la déserter. Il fait si bon y vivre comme y ont vécu ses pères.

— Et comme ils y sont morts !… »

Ce mot est malheureux. Il faut rompre.

— « Soit, mon cher. Et quand partez-vous ? Au premier bon vent ?

— Peu importe le vent. Le yacht est bon voilier avec machine auxiliaire. Si la brise ne donne pas, le moteur donnera. Nous partirons dans trois jours. Le temps seulement d’armer et de ravitailler le vaisseau pour la course. Peut-être nous ferez-vous le plaisir, monsieur le curé, d’assister à notre partance au quai de Cacouna, et ne pas oublier votre Adieu-vat ! L’auto vous prendra et vous ramènera ici avec ma tante.

— J’y serai, oui, j’y serai. Pourvu que vous me promettiez bien de veiller comme un frère sur mon Jean, de lui bien faire