Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
L’ŒIL DU PHARE

— Précisément, ne va-t-il pas rester ébloui ? Quand tout cela sera disparu, ne verra-t-il pas tout jaune autour de lui comme il nous arrive quand nous avons eu l’imprudence de regarder trop complaisamment le soleil ?

— Ça se passera.

— Ça se passera, chez vous, chez moi. Oui, et assez rapidement, parce que notre œil a vieilli, qu’il est tamisé par l’âge et l’expérience. Mais chez lui, il s’y brûlera peut-être. »

Malgré lui le vieux curé se fait consolateur fatigant. Ce n’est pas ce qu’il aurait voulu auprès de cette pauvre mère qui ne le comprendra qu’à demi. Il se reproche intimement d’accuser maladroitement sa préoccupation toute personnelle ; de chercher un épouvantail du côté où l’œil et l’esprit de la paysanne ne voient que consolation et bonheur. Comme ses cachotteries sont malheureuses, il parlera donc plus ouvertement.

— « J’avais mon secret, madame Pèlerin, qu’il vaut mieux vous faire connaître à