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L’ŒIL DU PHARE

cousin. C’est à la vie rurale qu’il va surtout s’attaquer, cette vie rurale canadienne dont il lui a été facile, depuis quelques jours à peine, d’apprécier et la simplicité et la monotonie.

— « Mon cher cousin, lui dit-il, avec une maîtrise affectée, il règne dans toutes les sociétés des courants favorables dont il faut savoir profiter, comme le navigateur sait tendre sa voile du bon côté, aux brises souvent capricieuses errant à la surface des eaux. C’est l’occasion qui conduit à la fortune, et pour la trouver, cette occasion, il ne suffit pas de l’attendre dans son village natal.

« À Cincinnati, où l’aciérie Dupin fait tant d’affaires et tant de bruit, on vit dans un tourbillon de mouvements et de travaux ; on n’attend pas la richesse de l’ondée qui tombe opportunément sur les guérets qu’elle féconde, mais du nuage ténébreux que pousse d’en bas dans l’azur du ciel l’haleine dévorante des fourneaux. Et comme résultat pratique de l’effort associé d’un chacun, dans ce vertige sans repos