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L’ŒIL DU PHARE

l’équipage à la messe du dimanche. Car Augustin est profondément religieux. Il n’aime pas, dira-t-il, quand on ne navigue que pour son plaisir, traîner sur l’eau le dimanche. Cela attire la malchance.

Si la côte est trop sauvage ou trop malsaine, le poste trop éloigné, il dirigera son vaisseau dans les eaux sûres de quelque baie, à l’abri d’un cap protecteur, et il orientera sa pensée vers le monde où l’on prie, en donnant son ordre du jour : — « Aujourd’hui, mes enfants, il n’y a pas d’autres choses à appareiller que le chapelet. »

Émile Dupin n’avait encore fait aucune étude de ces mœurs. Son éducation à lui, trop tôt soustraite à la sollicitude maternelle, et confiée à l’état dans des institutions où la culture intellectuelle et la culture physique n’offrent rien pour l’ange qui loge aussi chez l’homme, l’avait mal préparé à l’appréciation juste de ces traits de foi vive du caboteur laurentien. Et son cousin Jean, scandalisé de ses moqueries peut-être, regrette intimement l’absence de spiritualisme religieux dans ce jeune