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L’EFFET MORAL

courbant le dos sans la noyer de sa masse, sous la nef qui remonte allègre de l’abîme. — « Quand la mer dépasse, dit Augustin, il n’y a rien comme le signe de croix pour l’envoyer fleurir en avant. »

Ce fut une rude journée. Elle laissa des impressions bien différentes à l’esprit des deux cousins. Sur le soir, rendus à bon port, Émile Dupin sent comme un regret s’introduire dans ses sentiments par trop matérialisés. Il scrute l’œil noir du vieux Blouin pour y admirer le reflet d’une foi religieuse qui surélève les âmes et rend les cœurs plus forts que la mort dans son escorte de dangers.

Jean au contraire voit poindre chez lui, à son esprit de terrien assujetti aux occupations de la glèbe, cette force atavique de caractère qu’il ne se connaissait pas, qui se plaît aux hasards périlleux des aventures maritimes. Tandis que son compagnon, pâle et apeuré, avait eu à lutter à la fois contre les nausées du mal de mer et les angoisses de la peur, lui, le pied marin et l’âme sereine, voulait trouver dans ce