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L’ŒIL DU PHARE

longues heures de réclusion au foyer bien clos. Une vie plus intime, plus familiale commence alors. Portes et fenêtres se sont fermées à la bise mordante quand naguère elles restaient presque toujours ouvertes à l’arôme des champs. Depuis Notre-Dame-des-Avents jusqu’au carême, le plus gaiement qu’elles s’ouvriront, les portes des demeures agrestes, ce sera pour laisser entrer les parents, les amis de la maisonnée. Le plus souvent possible, ils les franchiront à l’improviste ou non avec de grands éclats de voix et des mines réjouies.

— « Dégréez-vous ! » — leur dira-t-on. C’est-à-dire n’ayez crainte que nous ne comptions le temps qu’il vous plaira de séjourner chez nous. Comme s’ils devaient y établir leurs quartiers d’hiver. Charmante expression de la belle hospitalité canadienne, disait Philippe-Aubert De Gaspé, qui fait traiter son hôte comme un vaisseau que l’on met en hivernement.

Une vie qui leur avait été jusque-là refusée allait donc occuper tout l’hiver ces bonnes gens. « Le Jean de la veuve »,