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LA CANDIDATURE

jusque-là servi pour s’élever lui-même, pour arriver ? Allait-il accepter, lui aussi, l’opinion courante à son sujet ?

Le croire trop tôt serait méconnaître à la fois et la nature de ses moyens et l’âpreté de son ambition ?

Au collège, il lui était relativement facile de reconnaître la supériorité intellectuelle de ce campagnard. À cet âge, l’esprit et le cœur sont encore généreux ; l’égoïsme, s’il s’y en trouve, pour ainsi dire plus superficiel, n’accuse rien de cet intérêt haineux et souvent sordide qui pourra plus tard aigrir la vraie lutte pour la vie.

Mais à cette heure, dans le champ clos de la vie pratique, Larive va-t-il se contenter encore de marcher sur l’ombre de Guignard, de lui emprunter du prestige, de s’abstenir enfin de le dépasser, quand il en a l’occasion avec les moyens, même en le foulant à ses pieds ?

Allons donc !

— « Comme ça, Guignard, tu te lances dans la politique », lui dit-il, le lendemain.