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Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/119

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L’ARRIVISTE

jour. Ce qu’ils ne se diront pas publiquement, à la figure, de tous ces secrets-là, d’autres le diront pour eux, dans les cabales où cela pourrait amorcer quelque préférence. Sans doute, Guignard, naturellement plus réservé, ne trahira pas la noblesse de son caractère dans ce vertige, tandis que l’autre pactisait évidemment avec la conscience de sa légèreté ou sa légèreté de conscience ; mais quel levain corrosif va désormais travailler ces deux cœurs durant le reste de la vie !

L’atteinte sera d’autant plus forte pour le premier, que, le soir du scrutin, son désenchantement fut plus profond, lorsqu’il apprit, tous comptes bien tirés, que Félix Larive, le candidat officiel du parti, était élu par une faible majorité de trente votes.

Fatigué, énervé, dégoûté, il regagna la ville en essayant de garder bonne contenance encore plus au milieu de ses amis apitoyés, n’y comprenant rien, qu’en présence de tous ses adversaires, exultants qui, certes, l’avaient bien dit !