Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/130

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se passe en ce monde-ci ; mais à l’agitation générale autour de lui, il juge bien qu’il n’est pas au courant de la situation. En faire un aveu trop ouvert ne lui paraît pas digne de son savoir ; il dissimule, il attend, trop longtemps hélas ! que son voisin, petit homme empressé qui sait tout, qui voit tout, s’en vienne précipitamment reprendre sa place pour se mettre à l’affut du vote.

— « Qu’est-ce donc ? » lui demande-t-il d’un air indifférent, nous allions dire presque ennuyé, comme un homme d’état qui en aurait vu bien d’autres.

— « Ah ! mon cher monsieur Larive, ne m’en parlez pas ! » répond l’autre qui est un fumiste. « Le gouvernement propose de taxer le mitron, et l’opposition n’en veut qu’à la galette. »

À cette énormité, monsieur le député Larive a bondi de son siège capitonné ; il s’est dressé presque de son haut sur ses jambes alanguies par le sommeil, et monsieur l’assistant-greffier qui promène sur la Chambre un regard circulaire, remarquant son mou-