Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/142

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rant les écarts de manège du jeune coursier que, de sa main ferme, il croyait avoir pendant un temps dompté, et qu’il voyait aujourd’hui si dangereusement emballé.

Monsieur le premier ministre du Canada est un homme qui se connaît en homme. Il n’est pas arrivé au poste qu’il occupe sans avoir acquis, par un long exercice, la grande dextérité du doigté qui lui permet, au besoin, d’attraper sans effort tous les demi-tons entre les caractères. Il n’ira plus causer avec Larive, au milieu d’une séance, sous les yeux des représentants du pays, sous les yeux beaucoup plus à craindre des journalistes. Il l’attendra, à son bureau, après l’y avoir mandé spécialement, l’avoir perfidement attiré par ses attentions, ses prévenances cauteleuses, dans les lacs de sa politique. Pour notre député arriviste, cet appel offre d’autant plus d’attirance, que désormais ses vaisseaux sont bien flambés, que la critique de ses actes se fait de plus en plus acerbe et le dédain pour lui devient plus injurieux dans les rangs de l’opposition.