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LA FOURMI CHEZ LES CIGALES

d’avance à comprendre que l’humilité de sa condition sociale et de celle de ses parents l’exposerait à rude épreuve, parmi ceux chez qui sa culture intellectuelle et ses talents lui permettraient d’ailleurs de fréquenter.

Aussi pour un rien, dans sa timidité native et son abnégation raisonnée, allait-il se convaincre qu’après tout ce n’était que juste et bien fait pour lui ; sa bonne nature cherchant à l’emporter sur sa rancœur. Puis à cet âge, où les caractères sont encore en formation, pour ainsi dire malléables, les déplaisirs et les ressentiments sont parfois peu durables, les humiliations moins profondes, comme des empreintes dans un sable mouvant que le moindre vent soufflant du bon côté fera tôt disparaître.

Voilà pourquoi nous les retrouverons ensemble encore à l’université, ces deux copains. Sans doute, il y aura d’un côté un sentiment prévenu et un peu désabusé, mais le plaisir des raccordailles l’emportera sur les susceptibilités.