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L’ARRIVISTE

À la veille des examens surtout, comme en face d’un péril commun, l’amitié d’Eugène Guignard et de Félix Larive reprend, sait-on pourquoi, de son ancienne ardeur. Non plus sous les grands arbres du séminaire, mais dans la petite chambre d’étudiant qu’il paie misérablement de son premier gain, Eugène reçoit alors presque tous les soirs, durant une quinzaine, son ami dont il se fait le répétiteur de droit. On cause aussi comme autrefois, ou comme deux vieux déjà, de la prime jeunesse. Quand Félix s’en va, il laisse, dans cette pauvre chambre d’étudiant, la bonne odeur du tabac dispendieux qu’il y a brûlé, et dans l’âme de son ami, le rayon de soleil d’un printemps pourtant déjà passé.

Toutefois dans l’entretemps des examens, Guignard aurait tout le loisir de réfléchir sur la complexité et la vanité des occupations, des engagements, — comme l’on dit dans la société, — qui éloignent de lui son ami, s’il n’était pas lui-même très pris pour gagner les quelques piastres