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CHRISTIAN FREDERIKS DAGBOK 1814.


14—26 Octbr.

les vues politiques qui sans doute commandaient au Dannemarc de ne pas négliger de moyen pour me faire retourner —)

Le Brig Bornholm étoit arrivé devant Færder dans la nuit du 10 au 11 d’Octobre mais les signaux donnés pour avoir un pilote à bord avaient été infructueux de sorte que le Brig avoit dû tenir la haute mer, et porté loin par le courant vers l’Ouest il mouilla le 11. dans le port de Lyngøen, célèbre par la malheureuse défaite de la Frégatte Nayaden l’an 1811. Le Capitaine alla en Courier à Christiania, mais il ne m’y trouva plus; cependant quelle fut sa surprise de trouver encore le Brig Allart à Frederichsværn où il s’acquitta de sa commission près de moi le 16 et reçut mon ordre de me joindre avec le Bornholm à Frederichsværn. Il alla par mer à Lyngøen, fut près de naufrager en route et revint avec le Brig danois le 18 d’Octobre — Le 17. lorsque nous l’attendions déjà une méprise assez drôle eût lieu. Les signaux annoncèrent l’arrivée d’un brig, bientôt nous le découvrîmes devant le port et tous les officiers de marine montés sur le tillac contemplaient sa manoeuvre en n’épargnant pas leurs remarques sur les mariniers d’une autre nation que la leur, tant ils étoyent persuadés que c’étoit le Brig Bornholm que seul ils attendaient — en attendant il me vint à l’idée de regarder le pavillon par le [téléscope][1], et je découvris qu’il portait le Lion norvégien, je le dis et aussitôt ils s’écrièrent tous c’est Seagul, un brig norvégien pris sur les Anglais et beaucoup plus petit et mieux mâté que les brigs Danois et notamment le Bornholm que nous vîmes le jour après et qui a des mâts d’une hauteur disproportionnée, tandis que le vaisseau même est beaucoup à louer pour la solidité et la commodité avec laquelle il est bâti. — Je reçus tous les jours les témoignages d’intérêt des Employés et habitans de Fréderichsværn et de Laurvig, mais je m’étais fait la règle de ne jamais mettre pied à terre pour ne pas réveiller des soupçons sur mes intentions ou compromettre des individus aux yeux du nouvel ordre des choses que je prévoyais devoir s’établir. Le seul mouvement que je pris, puisque ma santé l’exigeait, étoit sur le tillac et une fois sur l’Isle fortifiée dans l’enceinte du port—où je recueillis encore quelques morceaux du feldspath labrador que je garderais comme souvenir de

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