Page:Christian Frederiks Dagbok.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
128
CHRISTIAN FREDERIKS DAGBOK 1814.


Octbr. 14—26

singulier puisqu’il combine beaucoup de savoir et d’aménité avec cette teinture aventurière—Son envie de voyager va si loin qu’il ne peut voir personne aller en voiture ou en bâteau sans vouloir le suivre —

26

La dernière visite que j’eus à bord fut aussi la moins agréable, ce fut celle d’un Lieutenant Colonel Suédois Forsell envoyé par les Commissaires Suédois à Christiania pour s’instruire sur mon départ retardé, et comme je suppose pour me sommer d’accomplir la convention de Moss et de quitter la Norvège. — Par un hazard singulier le vent qui avait jusqu’à ce moment mis des obstacles insurmontables à mon départ commença ce jour même à le favoriser et l’Envoyé Suédois voyant les préparatifs pour le départ eut l’adresse de ne pas apparaître avec sa véritable commission, il se borna à des politesses, à s’instruire de la part des Commissaires de l’Etat de ma santé, comme si c’eut été son unique commission —

Je le reçus très poliment dans ma cajute, je lui dis que ma santé allait mieux, mais que je manquais du mouvement puisque je m’étais fait la règle de ne pas aller à terre pour ne pas réveiller des soupçons mal fondés — que j’espérais encore pouvoir partir le même jour &c., je fis les louanges de la conduite qu’avait tenu la Diète qu’il loua de même et je le chargeai de complimens pour le Prince Royal et l’Amiral Platen et le Comte Essen ; il me quitta avec de belles phrases marquant la considération particulière qu’il me portait ce que je pris tout pour ce que c’étoit des complimens suédois ou faux.

Ce message arriva ainsi 5 jours après que nous avions eu la nouvelle que la Diète avait déterminé l’union entre les deux Royaumes (le 19), nouvelle que je ne pouvais qu’attendre d’après les nouvelles de Christiania vu l’état des choses et l’impossibilité qu’il y avait de soutenir une nouvelle campagne à la longue. Ces réflections m’avaient fait quitter le Brig norvégien le 21 au soir, non sans émotion, car monter sur le Brig danois estoit quitter la Norvège et aller en Dannemarc. Cependant si la Diète aurait décrété la résistance je me serais souvenu de mon serment aurais-je été en Norvège ou en Dannemarc et on m’aurait bientôt vu en Angleterre plaidant la cause de ce peuple opprimé et de là à Bergen à la tête de la résistance la plus opiniâtre; mais selon que les affaires se sont tournées et devaient se tourner je crois avoir bien fait de lever les obstacles qui subsistaient pour un