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CHRISTIAN FREDERIKS DAGBOK 1814.

Jan. 21 - 22 et 23

J’ai été dans le cas d’agracier trois sentences de morts recommandées a l’agraciation par le tribunal suprème l'un etoit un homme qui avait tué son amante par depit amoureux; l’autre une fille qui avait tue son enfant par misére et le troisieme un voleur d’eglise Le premier est sans doute un citoyen dangereux, des passions efrenés entrainent souvent aux forfaits, il sera enfermé toute sa vie, la fille excite la plus grande pitie; une fille seduite delaissé et pauvre y peut pretendre plus que tout autre étre au monde; elle sera enfermée en attendant la grace du Roi dans le tems; le troisieme enfermé de la mème manière perd assez pour un vol de 5 — en perdant sa liberte — J'ai remercie Dieu de n’etre pas dans le cas de devoir souscrire une sentence de mort.

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L’aide du camp du Roi de Dannemarc le Major Rømer est arrivé aujourd’hui avec la lettre du Roi du 17 Janv. portant la cession de la Norwége à la Suede et l’ordre a moi de quitter mon poste et de retourner en Dannemarc apres avoir nommé les commissaires pour livrer les forteresses et aprés cela tout le Royaume a la Suede. Je conçois que le Roi à pu être forcé a la cession pour obtenir la paix, l'Autriche même a donc quitte le parti du Roi declarant la cause de la Suede étre celle des alliés; mais que le Roi veulle suposé que le peuple norwegien se rend de bon gré qu’il veulle me croire asses lache pour e quitter en ce moment, c’est ce que ne conçois en verité pas, on me jetterai la pierre avec raison si jamais je fus capable de quitter une nation qui me cherit et qui met tout son espoir en moi, moi je devrait la quitter sans même essayer de la defendre, non de ma vie ni de mes jours — Les brigs sont rappelles mais je ne les laisse point partir. Ce qui m tranquillise sur le sort du Dannemarc c’est que deja les troupes alliées quittent le Schleswig et le Holstein. On a été très pressé de voir le Prince de Suede sur les rangs prés du Rhin; l’Envoye d’Angleterre doit avoir dit qu’un retard des troupes en Holstein pour gage de la cession de la Norwege n’etait point necessaire; une lettre interuptée d’un Colonel Stuart du grand quartier général mande que le Prince Royal de Suede devrait se hater de venir sur le Rhin sans quoi il serait perdu au yeux des alliés — Dieu sait ce qui serait arrivé si on eut refusé une paix aussi honteuse mais je plains le Roi