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CHAP. V. — J. DE CATURCE ET J. DE BOYSSONNE.

Il est probable que le procès de Jean de Caturce fit voir à l’inquisition et au parlement que l’hérésie était plus vivante à Toulouse qu’on ne l’avait supposé tout d’abord ; et l’on décida de frapper un grand coup qui devait écraser complètement et à jamais le luthérianisme naissant. Au dernier jour de mars (1532) le parlement fit arrêter toute personne suspecte. La liste, qui est longue, comprenait des gens de toutes les classes de la société, des avocats, des procureurs, des ecclésiastiques de tout ordre, des moines, des frères et des curés. Parmi eux se trouvait Matthieu Pac ; « c’était un homme, » dit Dolet dans son second discours, « extrêmement capable et intègre, aux qualités duquel je ne puis rendre justice ici. Il fut faussement et cruellement accusé de luthérianisme. » Trente-deux des personnes arrêtées (Pac était du nombre) furent sauvées en fuyant, et, comme elles ne répondirent pas à l’appel, elles furent condamnées par contumace. Mais parmi celles qu’on garda se trouvait l’homme le plus savant et le plus capable et le plus populaire professeur de l’université, Jean de Boyssone, qui devait bientôt devenir l’ami intime de Dolet.

Le nom de Jean de Boyssone[1], docteur régent et professeur de droit à l’université de Toulouse, et ensuite con-

  1. J’ai adopté l’orthographe Boyssone me rapportant aux manuscrits des lettres et des poèmes qui sont à Toulouse. Dans les lettres en latin et dans les poèmes, il n’est pas toujours appelé ainsi, mais parfois Boyssoneus, Boysonnus, ou Joannes de Boyssonne. De Thou l’appelle Boêsonnus. M. Guibal (Revue de Toulouse, juillet 1864, p. 11) prétend que Boysson' correspond plus exactement qu’aucune autre orthographe aux différents noms latins. Dans une épigramme de Boyssone adressée à Scève on troue ces vers : Dumus enim a vulgo, patrio. sermone, vocatur Boyssonus spinis arbor acuta nimis Est igitur gentile, vides mihi nomen acutum. Et M. Guibal fait à ce propos la remarque suivante : » Le buisson dans notre patois toulousain est appelé Bouisson. Traduisons, nous avons Bouysson, Buysson, Boysson. » Dans la liste des capitouls donnée par Du Mège (Hist. des Instit. de Toulouse) le nom est épelé de diverses manières : Boychon, Bouisson, Bouysson et Boysson.