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ÉTIENNE DOLET

que ie porte à ma renommée, que dedans quelque temps ie te rendray parfaict l’œuvre dessusdict. « Puis, comme d’ordinaire, il se plaint de ses ennemis et détracteurs.

L’opuscule sur la manière de bien traduire d’une langue en aultre, fait preuve de beaucoup de savoir, de beaucoup d’originalité, et d’un jugement très sain ; et encore que les cinq principales règles que l’auteur donne soient devenues banales depuis trois siècles, elles ne l’étaient certainement pas au seizième siècle et ne semblent pas être suivies même aujourd’hui par tous les traducteurs, je dirai même par la majorité des traducteurs. Voici ces cinq règles : 1° le traducteur doit comprendre parfaitement le sens et l’esprit de l’auteur qu’il traduit ; 2° le traducteur doit être maître du langage dans lequel l’auteur écrit, et du langage dans lequel la traduction doit être faite ; 3° le traducteur ne doit pas traduire mot pour mot, mais « faira en sorte que l’intention de l’autheur sera exprimée, gardant curieusement la propriété de l’une et l’aultre langue ». La quatrième règle, qui doit surtout être suivie quand on traduit en un langage moderne (surtout du latin ou du grec en français), dit que le traducteur emploiera autant que possible des mots qui appartiennent réellement à la langue dans laquelle il traduit, et aussi rarement que possible des vocables qui sont simplement des formes de mots latins modernisés. La cinquième règle établit que les nombres oratoires, c’est-à-dire l’harmonie et le rythme, ne doivent pas être négligés par le traducteur.

Les deux autres opuscules sur la ponctuation et sur les accents sont intéressants surtout au point de vue de l’histoire de la langue française, et, quel que soit leur mérite philologique, ils contribuèrent puissamment à faire avancer l’étude de la grammaire. Ramus, dans sa grammaire française (Paris, Wéchel, 1572), rend cette justice à Dolet et le compte au nombre des grammairiens qui, en France, avaient essayé de réformer la manière d’écrire. Sur un point particulièrement (dont M. Boulmier fait mention) Dolet a proposé une réforme