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ÉTIENNE DOLET

est écrite de Padoue (sans date), mais porte l’indication suivante : Simon Villanovanus Hieronymo Savoniano. Bien que Simon Villanovanus ne laisse aucune œuvre littéraire derrière lui, il n’en est pas moins certain qu’il passa auprès de tous ceux qui rapprochèrent pour un homme d’une capacité et d’un talent peu ordinaires. J’ai déjà donné le témoignage de Longueuil. L’admiration que Dolet professait pour son maître devait être sérieusement motivée. Pierre Bunel écrivit six vers sur la mort de Villanovanus, il les envoya à Émile Perrot[1], accompagnés de cette inscription : « Simoni Villanovano Belgæ, Græce Latineque doctissimo, cum bonis omnibus disciplinis, tum sinceræ Philosophiæ in primis dedito, ob mirificam scribendi elegantiam et subtilitatem quam etiam suis scriptis, quæ a nonnullis premuntur[2], expressam reliquerat, testimonis Longolii toti Italiæ præclare commendato Galli, in demortui patriæque commendationem, placata Italia posuere. » Salmon Macrin compta aussi Simon Villanovanus parmi les hommes les plus illustres que la France ait produits et il n’hésita pas dans les vers suivants, adressés à Guillaume du Bellay, à le mettre sur le même rang que Budé, Longueuil et Lazare Baïf :

« Illa (i. e. Gallia) Italorum nam studii æmula
Te Lazarumque et Longolium tulit,
Magnumque Budseum, ac Simonem
Villa cui nova nomen indidit[3]. »

  1. Buttelli et Manutii Epistolæ (Paris 1581), p. 10.
  2. La Monnoye (Menagiana, III, p. 491, édit. de 1716) dit que les mots quæ a nonnullis premuntur semblent se rapporter à Dolet, qui, se trouvant à Padoue au moment de la mort de Villanovanus, fut accusé de s’être approprié les œuvres de son maître (voyez plus bas). Mais le mot premuntur, que La Monnoye semble avoir pris dans le sens de supprimer, veut dire réellement déprécier. Il plane certainement quelque mystère sur les circonstances de la mort de Villanovanus. Ses amis Bunel et Perrot paraissent avoir cru d’abord qu’il fut victime d’un crime et que vraisemblablement ce fut un Italien qui attenta à sa vie. Mais Bunel reconnut ensuite qu’il mourut de la peste. Voir la lettre de Perrot du mois de décembre 1530. Bunelli Epist., p. 8.
  3. Salmon Macrin : Hymnorum Selectorum, lib. III, p. 77. Guillaume Scève