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CHAP. II. — PADOUE

Dolet passa trois années à suivre non seulement les leçons de Simon Villanovanus[1], mais encore sans nul doute celles des

    appelle Villanovanus et Longueuil : et litterarum et Galliœ ambo lutnina. Ode placée en tête des deux discours de Dolet (Doleti orationes duœ).

  1. Un nombre très restreint de personnes s’intéressant à tout ce qui concerne Dolet auraient seules retenu le nom de Simon Villanovanus, n’était le passage suivant de Rabelais : « Aussi furent Cleon de Daulie, Thrasymedes, et de nostre temps le docte Villanovanus François lesquels ; oncques ne songerent. » (Livre III, ch. 13.) Mais, d’après Le Duchat, que plusieurs commentateurs ont suivi, ce Villanovanus de Rabelais serait le célèbre Arnold de Villeneuve, l’un des hommes les plus savants du quatorzième siècle — il était médecin, théologien, alchimiste et a écrit le livre intitulé : Schola Salernitana et d’autres traités médicaux et scientifiques. La Monnoye, cependant, dans les Menagiana (vol. III, p. 488-492), a le premier cherché à prouer que le « docte Villanovanus François n’était pas Arnold, mais Simon de Villeneuve. Il dit : "On est en peine de savoir qui est le docte Villanovanus François que Rabelais, son contemporain (ch. 13 du 3e livre), dit n’avoir jamais fait de songe. Ce ne peut être Arnaud de Villeneuve, nulle des trois circonstances de docte, de François, de contemporain de Rabelais, ne lui convenait. Il n’était, ni ne pouvait même être docte dans le temps de barbarie et d’ignorance où il a vécu, savoir dans une bonne partie du treizième siècle jusqu’au commencement du quatorzième. Il y a de plus fortes preuves pour le croire Espagnol que François, recherchées et déduites fort exactement par Dom Nicolas Antoine au tome II de sa Bibliotheca vetus Hispaniœ. Il n’a pu enfin être du temps de Rabelais, étant mort en 1310, ou au plus tard en 1313, et quand même, ce qui est très faux, il aurait vécu jusqu’en 1350, on aurait toujours raison de conclure qu’il serait mort 120 ans au moins avant que Rabelais fût au monde. Je suis donc très persuadé que le Villanovanus ici désigné, n’est autre que ce Simon de Villeneuve ». Après avoir cité plusieurs preuves de la science de ce dernier. La Monnoye ajoute : « C’est donc avec justice que Rabelais l’a nommé le docte Villanovanus François, de peur, s’il avait dit simplement le docte Villanovanus, qu’on ne le confondît avec Servet Espagnol, qui du temps de Rabelais a publié divers ouvrages sous le nom de Villanovanus. Il me reste à répondre à une conjecture du commentateur de Rabelais, touchant Arnaud de Villeneuve, qui, peut-être, dit-il, a, dans son Traité des Sondes, déclaré lui-même qu’il n’avait jamais songé. »

    Il est facile de trouver la solution de ce problème à la page 63 de l’édition in-folio des œuvres d’Arnold de Villeneuve (Bâle, 1585) « Est igitar advertendum quod sub quacumque specie animal aliquod insultum faciens, secundum conditiones et modos insultus, et defensiones utriusque, debet visio judicari. Ita recolo in somno me vidisse lupos quatuor quadam nocte qui ore aperto insultum in me videbantur facere. Ego autem ense evaginato in ipsos irruebam et majorem eorum eviscerabam ad mortem. Infra triduum in quadam causa vidi me quatuor inimicorum meorum victoriam habuisse. » (La Monnoye ne nous donne pas le titre du traité d’Arnold d’où ce passage est tiré. On le trouve dans un écrit intitulé : Expositiones Visionum quæ fiunt in Somniis). Deux des raisons que donne La Monnove pour soutenir qu’il ne s’agit pas d’Arnold de