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CHAP. IV. — TOULOUSE

et une vie intellectuelles. « La cour de Toulouse (des rois visigoths), dit Augustin Thierry, centre de la politique de tout l’Occident, intermédiaire entre la cour impériale et les royaumes germaniques, égalait en politesse et surpassait peut-être en dignité celle de Constantinople[1]. » Martial, Ausone et Sidoine Appolinaire disent que c’était la ville de Pallas, et saint Jérôme l’appelle la Rome de la Garonne. De même que la Rome de Tibère, Toulouse avait son capitole et ses consuls, et dans ce titre de capitouls, ou barons du capitole, que les magistrats civiques gardèrent avec fierté longtemps après que celui de consul eut disparu, on voit un souvenir des jours de la Toulouse impériale et royale. Sous les premiers rois visigoths, l’arianisme était la religion dominante, et bien qu’après la conversion de Recared à la foi orthodoxe cette foi devînt la religion officielle, l’arianisme continua néanmoins à se maintenir dans les provinces du Narbonnais et de l’Aquitaine. Peu après l’extinction de l’arianisme une nouvelle secte d’hérétiques surgit, celles des Cathares ; elle fut remplacée au commencement du douzième siècle par les Albigeois, dont les doctrines étaient si simples et si chrétiennes, dont la vie était si paisible et si laborieuse, qu’ils se répandirent sur toute une partie du Languedoc et donnèrent lieu à l’une des plus horribles et des plus brutales persécutions de l’histoire du monde. Les persécutions des chrétiens par les empereurs païens de Rome pâlissent devant celles qui suivirent les trois croisades prêchées contre les Albigeois par les pères de la chrétienté. Comme Toulouse était le quartier général de la secte, cette ville surtout souffrit des cruautés que l’église catholique, secondée par Simon de Montfort et son aide infâme, Foulques, évêque de Toulouse, infligea à des milliers de paisibles citoyens et paysans dont le seul crime était de repousser des doctrines que, fausses ou vraies, ni les oppresseurs, ni les opprimés ne pouvaient comprendre. Les malheureux

  1. Lettres sur l’histoire de France, p. 6.