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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/100

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ÉTIENNE DOLET

1531, il avait fait une allocution à quelques-uns de ses compatriotes de Limoux. Son discours toucha les cœurs de ceux qui l’écoutaient, mais les autorités ne tardèrent pas à être averties et Caturce dut quitter Limoux en hâte, promettant à ses disciples de revenir à la Noël et de leur faire entendre encore la parole de vie. La cause de son départ précipité allait bientôt être connue des officiers de l’inquisition de Toulouse et on n’allait pas tarder à considérer Caturce comme suspect ; mais il ne fut pas, toutefois, inquiété immédiatement ; pendant deux mois on le laissa poursuivre ses cours. Le jour des Rois (1532) il assistait à un souper avec quelques amis à Toulouse, et au lieu de la formule habituelle : « le roi boit », il dit : « Puisse Jésus-Christ régner dans nos cœurs ». Il proposa aussi qu’après souper chaque assistant, au lieu des toasts profanes, récitât un passage de l’Écriture ; ce que l’on fit. On l’arrêta peu après, et les deux principales accusations qu’on portait contre lui se fondaient sur les discours de Limoux et sur cette soirée du jour des Rois. Etre arrêté pour hérésie à Toulouse équivalait à être condamné, et une condamnation se traduisait par deux choses : une rétractation publique ou le bûcher. Jean de Caturce était un brave, mais il n’était pas fanatique et n’avait pas envie de mourir. Il dit qu’il était disposé à se laisser convaincre (si cela se pouvait) par les livres et par les savants, et qu’il était prêt à discuter les points sur lesquels se fondait son accusation. Mais le résultat de cette discussion fut de le confirmer dans son hérésie. Ses amis — ou ses ennemis — firent une nouvelle tentative pour le sauver des flammes. On lui offrit un pardon complet sans qu’il fût besoin qu’il abjurât officiellement, si seulement dans l’école de droit, où il avait coutume de faire ses cours, il déclarait publiquement qu’il avait été dans l’erreur sur trois points[1].

Il n’est pas étonnant qu’il hésitât un instant et pensât qu’il

  1. Je ne trouve nulle part quels étaient ces trois points.