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CHAP. V. — J. DE CATURCE ET J. DE BOYSSONNE.

vaudrait mieux pour lui d’accepter ces conditions faciles et d’échapper ainsi non seulement à la mort, mais à ces affreuses souffrances physiques que l’église trouvait bon de faire endurer aux hommes, qui ne pouvaient se conformer à son schibboleth, quelque vertueux qu’ils fussent. Mais, comme narrateur de cette tragédie nous le dit, le Seigneur lui donna assez de force pour n’accepter aucune forme de rétractation. Une seule chose pouvait en résulter. On donna l’ordre de lui faire subir une dégradation publique, puis on le confia au bras séculier, ce qui voulait dire que son bûcher allait être préparé. Sa condamnation eut son effet au mois de juin 1532[1]. On le transporta à la place Saint-Étienne, où on le dégrada de sa tonsure cléricale et de son titre universitaire. Cette cérémonie dura trois heures, elle fut suivie d’un sermon fait par l’inquisiteur. Il prit pour texte le quatrième chapitre de la première épître de saint Paul à Timothée : « L’Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns se révolteront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et aux doctrines des démons. » — « Citez les paroles de l’apôtre qui suivent », s’écria Caturce ; et comme le jacobin gardait le silence, il dit en s’adressant au peuple : « Saint Paul ajoute : « Enseignant des mensonges par hypocrisie, défendant de se marier, commandant de s’abstenir des viandes. » Après le sermon, Caturce fut conduit au palais de justice, et c’est là qu’il fut condamné à mort, après avoir été officiellement livré au bras séculier. Puis on le transporta à la place de Salins et on le brûla vif. Son esprit ne perdit pas un instant sa fermeté et sa force. Il mourut en louant et en glorifiant Dieu ; et sa mort ne découragea point les autres, au contraire, sa vie pieuse et innocente, aussi bien que son courage produisirent les meilleurs fruits, surtout parmi ïes

  1. Suivant La Taille et Le Duchat, ce fut le 13 juin. D’Aldeguier : Hist. de Toulouse, dit que le supplice eut lieu en juin 1533. Vingt-et-un condamnés hérétiques accompagnèrent Caturce à la place Saint-Étienne et y tirent une abjuration publique de leurs erreurs. Revue de Toulouse, juin 1862, p. 463.