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Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/123

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CHAP. VII. — L’ORATEUR

Ce fut, sans doute, dans le courant de l’année 1533 que cet édit fut publié ; comme on devait s’y attendre, il causa une grande indignation parmi les étudiants et surtout parmi les Français. Si, comme certains écrivains le disent, ce décret proscrivait absolument l’existence des sociétés, les Français n’en tinrent aucun compte et, non contents de protester, ils continuèrent à observer, comme avant, leurs règles et coutumes ; ils choisirent pour orateur un étudiant qui, par ses capacités et son érudition, était bien fait pour représenter nation avec honneur et crédit, mais dont le caractère irascible, la violence et le manque complet de tact ne se montrèrent jamais avec tant d’éclat que dans cette occasion.

Le choix unanime des Français se porta sur Étienne Dolet, et, le 9 octobre 1533[1], il prononça la harangue qui, comme M. Boulmier le fait justement remarquer, « apportait le premier fagot à l’horrible bûcher qui devait le dévorer plus tard »[2]. Le discours, du moins tel qu’il fut publié en 1535 après avoir été revu et corrigé par Dolet, ne présente que fort peu d’intérêt. Plein de vigueur et de vivacité, il est écrit en périodes sonores et balancées à la façon de Cicéron, le parlement et les magistrats de Toulouse n’y sont pas épargnés ; il rempli de phrases ronflantes sur les avantages de l’amitié et de l’union sociale, et sur la tyrannie et la barbarie des magistrats qui avaient défendu aux étudiants français, gens éclairés et intelligents, de se réunir, et les empêchaient ainsi


    officiellement ; et le fait que Dolet fut choisi comme orateur de cette société sans la désapprobation des autorités implique que les associations avaient simplement soumis à la censure et à des restrictions et non point qu’elles avaient été absolument défendues. Mais après le second discours de Dolet lessociétés furent dissoutes par un décret du parlement. Les historiens qui se sont occupés de Toulouse semblent n’avoir pas pu retrouver cet édit, car, bien qu’ils en parlent, il est clair qu’aucun d’entre eux ne l’a jamais vu, ou ne fut à même de dire quelle était sa teneur précise.

  1. M. Boulmier, suivant, comme toujours, Née de la Rochelle, dit que ce fut le 9 octobre 1532 ; mais voyez plus bas : p. 102 et 107 (notes). Dolet nous dit que son discours fut prononcé ante diem septimum Idus octobris. Orat. Duæ.
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