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ÉTIENNE DOLET

force et de talent que le premier. Il est aussi plus long et remplit cinquante pages dans l’édition imprimée.

Commençant par des injures et des railleries à l’adresse de son adversaire qu’il appelle ineptissimus homo, imbecillus obtrectator, imperitus rudisque declamator, Dolet va — comme c’était la coutume des disputants de l’époque — jusqu’aux personnalités ; il parle de la voix grêle et tremblante de Pinache, de son teint basané, de son visage de rustre, et il continue, avec plus de raison, en se plaignant que, au lieu de répondre à son discours, Pinache ait excité le parlement contre lui, et que, au lieu d’attaquer sa réputation d’orateur, il ait mis sa sécurité personnelle en danger. « Me refuserez-vous, » s’écrie-t-il, « le droit d’attaquer celui qui voulait non seulement compromettre ma réputation, mais encore ma sécurité, et qui ne s’efforçait pas tant de répondre à mon discours que d’exciter le parlement contre moi ? » Puis, après avoir fait l’éloge de la race et du nom français qui avaient été ravalés par Pinache, et après s’être défendu de l’accusation d’avoir attaqué Toulouse — accusation, laisse-t-il entendre, que son adversaire avait dirigée contre lui pour de l’argent ou parce qu’il était ivre — il ajoute : « Vous avez demandé, voulant me désigner : « Quel est celui qui a cherché « à faire mépriser les décrets du parlement ? Qui avouera « être l’auteur d’une pareille tentative ? » Tel est le langage dont vous vous êtes servi pour m’attaquer. Et votre fureur grandissant encore, vous m’avez appelé traître à mon pays, vous avez dit que j’étais coupable d’une conspiration contre lui, et déclaré que je méritais d’être décapité ou jeté du haut d’un rocher, ou lié dans un sac et lancé à la rivière, ou au moins, et c’était le châtiment le plus doux, exilé de Toulouse. »

Après s’être défendu de l’accusation d’être trop exclusivement voué au culte de Cicéron, il réhabilite encore une fois la race et le nom français et répond ensuite aux reproches personnels que Pinache lui avait faits sur sa pauvreté et sur la