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ÉTIENNE DOLET

du parlement, était la plus grande figure de tout le Languedoc. N’étant plus nommé par le sénéchal — dont la dignité devint bientôt simplement honoraire — mais directement par la couronne, appelé souvent le lieutenant général du roi en Languedoc, il n’était pas seulement le chef de la juridiction civile et criminelle de la province, mais aussi du gouvernement civil. Ses fonctions administratives étaient aussi importantes que ses fonctions judiciaires ; elles lui donnaient une situation qui, jusqu’au moment où le parlement fut établi, était plus élevée comme rang et plus importante que celle que le premier président eut dans la suite. L’installation définitive et permanente du parlement (1444) porta à l’autorité et à l’influence des lieutenants de la sénéchaussée un coup dont ils ne se relevèrent jamais, et néanmoins pendant plus d’un siècle encore leur situation garda la grande importance qu’elle possédait. Le lieutenant avait toujours le droit de siéger comme juge de première instance dans des cas nombreux ; les actes d’appel contre ses jugements, ainsi que contre ceux de plusieurs autres cours, ne ressortaient pas directement du parlement, mais de son propre délégué ou député, le juge-mage ou juge des appeaux, lequel, à cette époque, exerçait tout à la fois une juridiction de première instance et d’appel. Le lieutenant général, comme le lieutenant du roi, remplissait à Toulouse toutes les fonctions administratives que les capitouls n’avaient pas le droit d’exercer. À la session d’inauguration du parlement de Toulouse, le 14 juin 1444, Tanneguy du Châtel, lieutenant de la sénéchaussée, était assis à la droite du premier président, avant l’archevêque de Toulouse ; et bien que cette préséance tombât bientôt en désuétude, à l’époque dont je m’occupe, le lieutenant semble avoir eu le privilège de siéger au parlement parmi les présidents à mortier. Il avait gardé jusque-là — mais devait bientôt perdre ce prestige — ce qui lui donnait aux yeux de la populace une situation plus haute que celle du président du parlement, je veux dire la jouissance de l’ancien Palais de justice, connu alors sous le