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CHAP. VII. — L’ORATEUR

nom de Château-Narbonnais ou Palais-Royal, conjointement avec le viguier et à l’exclusion des membres du parlement. Pendant les cent dix ans qui suivirent sa fondation, le parlement chercha en vain à prendre possession du Château. Il dut se contenter des privilèges temporaires qu’il pouvait obtenir de temps à autre. Le lieutenant de la sénéchaussée lui refusa catégoriquement l’entrée du Palais. Enfin, en 1555, à la création de la Chambre des Enquêtes, des ordres du roi forcèrent le lieutenant à céder au parlement la jouissance du Palais. Cet état de choses dura un siècle, après quoi le lieutenant de la sénéchaussée disparaît de l’histoire[1].

En 1533, cependant, le lieutenant général de la sénéchaussée était encore un personnage considérable, et aucun de ces dignitaires ne montra plus de ténacité à garder sa position ou à la défendre contre le parlement et à conserver la possession du Palais de justice, que Gratien du Pont, Sieur de Drusac, qui à cette époque occupait ces fonctions. Malheureusement personne n’était moins fait pour les remplir ou plus à même de les discréditer par sa sottise et sa vanité. L’ambition du Sieur de Drusac fut surtout de briller, non pas comme administrateur ou comme juge, mais comme poète. Si nous lui accordons ce titre, nous devons l’expliquer en disant que ce personnage était un de ces poètes médiocres que ni les dieux, ni les hommes, ni les colonnes ne tolèrent. Plein d’animosité contre le beau sexe, sans doute à cause de l’insuccès de ses aventures amoureuses (nous apprenons par l’une des odes de Dolet qu’il avait obtenu le divorce) et à cause des

  1. Voyez sur les lieutenants de la sénéchaussée et sur leurs pouvoirs : Les Parlements de France, essai historique sur leurs usages, leur organisation et leur autorité, par le vicomte Bastard d’Estang. Paris, 1857,2 vol. in-8e. Cet ouvrage qui traite, comme l’indique son litre, des parlements français en général, est presque entièrement consacré au parlement de Toulouse. C’est un livre d’un intérêt considérable, qui contient une foule de renseignements qu’on chercherait en vain ailleurs. Son principal objet cependant semble être de louer la famille de Bastard, dont plusieurs membres occupèrent de hauts emplois qui relevaient de ce parlement.