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CHAP. VII. — L’ORATEUR

Dolet et avait été frappé des capacités et du savoir de ce dernier. Bien que, suivant M. Boscheron des Portes, il fut né à Vérone, il avait une préférence marquée pour l’Aquitaine qu’il disait être sa province natale. Aussi les attaques violentes dirigées par Dolet contre l’Aquitaine ne pouvaient-elles manquer de lui être désagréables, mais la meilleure preuve qu’on puisse alléguer de l’admiration et de l’estime qu’il avait pour son ami, c’est que ces attaques ne le brouillèrent pas avec Dolet, elles furent simplement le sujet de remontrances amicales et modérées. Entre le second discours de Dolet et son arrestation, six longues lettres furent échangées entre les deux jeunes hommes ; elles sont intéressantes car elles nous montrent leur affection mutuelle et nous font voir ce qu’on pensait et ce qu’on disait à Toulouse de la dispute de Dolet et de Pinache.

Je vais donner quelques extraits de ces lettres, omettant à dessein les compliments, les excuses et les protestations d’infériorité qui forment une si grande partie de toute la correspondance latine des cicéroniens de la Renaissance ; je laisse aussi de côté la plupart des critiques que Le Ferron adresse à Dolet au sujet de ses attaques contre les Gascons ainsi que les passages où Dolet, tout en ayant l’air de se défendre, renouvelle ses attaques. La première lettre est de Le Ferron, elle fut écrite un peu avant le 27 janvier 1534.

Arnoul Le Ferron à Étienne Dolet :

« Je suis fort lié avec Jules-César Scaliger, homme très distingué qui s’est consacré à toutes les études libérales. Notre amitié repose sur tant de points que vous trouveriez difficilement des gens aussi intimes que nous. En réponse à une lettre dans laquelle je lui parle de votre érudition, de votre éloquence, de votre culture si remarquable, il m’a dit de la façon la plus aimable et la plus gracieuse, qu’il avait autant d’estime pour vous que j’en ai, et qu’il avait déjà entendu