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ÉTIENNE DOLET

nous taisons pour mieux entendre les sottises que débitent les Italiens ; disent-ils un simple mot, avec une poitrine gonflée et des joues rebondies, nous retenons notre respiration, nous ouvrons nos bourses et nous souffrons que ce qui est vraiment excellent soit chassé et supplanté par cette race fausse et astucieuse.

« Mais j’en ai assez dit là-dessus. Je vais maintenant vous raconter ce qui m’est arrivé depuis ma dernière lettre. L’association des Gascons, ainsi que celle des Français, a été dissoute par décret du parlement. Ce décret a été très violemment réprouvé par nous tous, comme injuste et sans précédent. Mais nous n’avons pas pu atteindre notre but, le pouvoir et l’autorité des barbares ont été plus forts que le désir que nous avions de cultiver des liens d’amitié. Une altercation s’en est suivie entre Pinache et moi. Je me suis défendu publiquement contre ses attaques. Il a été complètement écrasé par mon discours, et lorsqu’il a vu qu’il m’était intellectuellement inférieur, il a méchamment usé de fraude, et, en m’accusant faussement d’avoir, dans mon discours, non seulement attaqué le parlement, mais d’avoir aussi violé l’honneur de la ville de Toulouse, il m’a fait jeter en prison, enfin, non content de participer à cet acte odieux, il en a été l’instigateur. Pendant quelques jours j’ai été tout à fait impopulaire à cause de mes amis, mais grâce à l’autorité de Jean de Pins et à l’assistance du président Minut, les gens ont été facilement convaincus de leur erreur. Les machinations et la perfidie de mes ennemis m’ont valu un grand profit et une grande gloire, puisque j’ai été déclaré innocent et acquitté par le parlement. Il ne vous faut pas compter recevoir le discours que je vous ai promis, ni celui que j’ai prononcé dernièrement ; vous ne les lirez pas avant qu’ils soient imprimés avec mon recueil de poèmes et d’épîtres, et je vous prie de ne pas m’accuser de ne pas tenir parole. Je vous aurais retranscrit ces discours si je n’avais pas reculé rlevant l’énorme perte de temps que cela m’aurait occasionnée ; mais comme vous les attendez depuis