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ÉTIENNE DOLET

Le 8 juin il écrivit à Boyssone une lettre pleine d’indignation contre ses ennemis et contre Toulouse, et dans laquelle il rend compte à son ami de ses études et de ses occupations. «Je me consacre à la littérature avec autant d’énergie que ma santé le permet. Je développe et je polis mes deux discours, et j’ai l’intention de publier mes œuvres aussi tôt que possible. Vous recevrez avec cette lettre le passage dans lequel j’ai voulu vous glorifier et vous disculper[1]

Voici un extrait de la réponse de Boyssone : «Avant de recevoir votre lettre je ne savais pas où vous étiez. Les uns disaient que vous étiez parti pour Lyon et les autres pour Limoges. Sur ces données, où pouvais-je vous écrire ? Mais dès que votre lettre m’a appris où vous vous trouviez, je n’ai pensé à rien plus qu’à vous écrire.

« Quant à ce qui se passe ici, puisque vous désirez que je vous en parle, je dois vous faire connaître que vous avez laissé derrière vous de vives affections et que le nombre de ceux qui vous estiment et déplorent votre départ est considérable : parmi ces personnes, il faut compter les femmes les plus nobles et les plus honorables de la ville auprès desquelles vous êtes en grande faveur, grâce à vos épigrammes contre Drusac. Pour ma part, mon cher Dolet, si je ne tenais compte que de mes seuls désirs, rien ne pourrait me faire plus de peine que votre départ ; mais puisque vos projets vous forçaient à nous quitter, je méconnaîtrais les lois de l’amitié si je ne renonçais pas volontiers au plaisir que me procurait votre société, et si je ne donnais la première place à ce que réclame votre intérêt. Aussi allez où vos affaires vous appellent, fuyez ce pays ingrat, fuge littus avarum. Lorsque vous arriverez à Lyon, saluez de ma part Sébastien Gryphius, que j’aime extrêmement et que je tiens pour cher. Prenez soin de votre santé ; car, pendant que je vous écrivais, votre ami Clausane m’a dit que vous étiez malade, ce qui me fait beaucoup de

  1. Orat. duœ, p. 120.