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ÉTIENNE DOLET

contre moi. C’est un sauvage, une bête brute dont la fureur sans frein n’a pas été apaisée par la fuite de son ennemi. Pour conclure, il y a une chose que je tiens à vous faire savoir, c’est que je ne sens pas moins de peine d’être séparé de vous que vous n’en ressentez de m’avoir vu partir ; mais puisque nous ne pouvons plus être ensemble et que mes affaires m’appellent ailleurs, trompons l’ennui de notre séparation en nous écrivant fréquemment. Je ne connais que le nom d’Omphalius. Si vous saviez quelle sorte d’homme il est, quelle est l’étendue de ses connaissances, donnez-moi ces renseignements, et faites que je reçoive de vous ce que je désire si ardemment, une lettre qui me donne toutes sortes de nouvelles. Adieu.

« Écrit à la campagne 22 juin[1]

Le départ de Dolet n’eut pas pour effet d’arrêter les tentatives que ses ennemis dirigeaient contre lui. Il est certain que le premier président usa de son influence en sa faveur ; Dolet lui en témoigna toujours de la gratitude et de l’estime. Mais ni la modération du premier et du second président, ni l’amitié de l’évêque de Rieux ne put combattre la bigoterie et, fort probablement, la haine personnelle de la majeure partie des conseillers qui subissaient l’influence du lieutenant-général de la sénéchaussée et du juge-mage et qui étaient soutenus par les capitouls. Dolet venait de signer la lettre qu’on vient de lire, lorsqu’il reçut la nouvelle que le parlement avait publié un décret le condamnant à s’exiler à jamais de Toulouse et de tout le pays qui était sous sa juridiction. Il ajouta alors le post-scriptum suivant :

« Depuis que j’ai signé ma lettre, j’ai reçu par des messages et des lettres la nouvelle que Drusac avait obtenu un édit me défendant de rentrer à Toulouse. Je ne suis nullement troublé par la persécution d’un individu aussi méprisable, et,

  1. Orat. duœ, p. 121.