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CHAP. IX. — LYON

tâche pendant une grande partie du seizième siècle, vinrent s’ajouter cent dix-huit noms nouveaux au seizième siècle, plus une quantité de libraires qui n’étaient pas imprimeurs[1]. Dans les cent vingt-cinq années qui suivirent l’introduction de leur art, les imprimeurs de Lyon furent bien plus nombreux que dans les trois siècles suivants et ils publièrent une quantité de livres prodigieuse. Quatre-vingt-quatre éditions complètes de la Bible (y compris le Nouveau Testament) sont citées par Masch[2] comme étant sorties des presses lyonnaises pendant la première moitié du seizième siècle, sans compter diverses éditions de parties séparées.

Lorsque Dolet arriva à Lyon en 1534, à la tête de la profession (car l’imprimerie était alors une profession savante, et non pas un art manuel) se trouvait Sébastien Gryphius, qui, pendant ses trente-trois années d’exercice (de 1524 à 1556), imprima plus de mille éditions différentes de livres hébreux, grecs, latins, italiens et français. Son fils et successeur fut presque aussi productif. Les presses des Tournes, des Rouille, des Rigaud, des Frellon et de beaucoup d’autres étaient constamment en activité ; et si aucun des imprimeurs lyonnais n’eut la bonne fortune de donner une édition princeps d’un classique grec ou latin, ce fut. en revanche, de leurs presses, et surtout de celles de Gryphius que sortirent les nombreuses réimpressions en petit format et à bas prix des textes latins qui étaient plus utiles aux étudiants pauvres.

Mais à Lyon, au seizième siècle, on publia aussi des ouvrages inédits qui placèrent leurs auteurs au premier rang des érudits et des littérateurs. Ce fut là que Gargantua et Pantagruel virent le jour pour la première fois, que Marot fit tout d’abord imprimer son Enfer et une édition complète de ses œuvres, que Sanctes Pagnini livra au public son grand lexique hébreu, oublie aujourd’hui, mais qui alors contribua

  1. Montfalcon : Manuel du Bibliophile et de l’Archéologue Lyonnais. Bibliotheca sacra.
  2. Bibliotheca sacra.