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ÉTIENNE DOLET

d’accorder aux gens de lettres. Gian Jacopo di Trivulzi (Le grand Trivulce), marquis de Vigevano et maréchal de France, fut le premier de sa famille qui occupa le poste important de gouverneur de Lyon. En 1535 ce poste fut confié à Pompone de Trivulce, qui, suivant l’exemple de son oncle et de Théodore, son prédécesseur immédiat, favorisait les études littéraires, et encourageait surtout l’art de l’imprimerie et ceux qui l’exerçaient. J’ai déjà dit que les typographes étaient plus libres à Lyon que nulle part ailleurs en France ; on publiait dans cette ville des livres qui n’auraient pas pu voir le jour à Paris, ou qui auraient attiré des désagréments à ceux qui les avaient écrits ou imprimés ; ces publications ne se faisaient pas avec la sanction directe du gouverneur, mais on savait que ce dernier ferait tout pour protéger les auteurs et les imprimeurs. Au moment même où le roi et les docteurs de la Sorbonne complotaient pour détruire «cet art divin», suivant la juste expression de Dolet, les imprimeurs de Lyon se concertaient pour exprimer à Pompone de Trivulce la gratitude qu’ils lui devaient. Le Ier mai était le jour de fête des typographes lyonnais, et ils avaient coutume de planter un sapin, qu’on appelait le Mai des Imprimeurs, devant la porte d’une personne de distinction à laquelle ils désiraient témoigner leur respect. En 1529, le Mai fut planté devant la porte de Théodore de Trivulce, avec une inscription en vers composés par nul autre que par Clément Marot[1]. En 1535, ce fut Pompone de Trivulce que les imprimeurs résolurent de fêter et ce fut Étienne Dolet qui écrivit l’inscription d’usage. Le Mai fut placé devant la maison du gouverneur, avec une ode en latin, qui inspire au père de Colonia[2] la remarque suivante : «La noble simplicité, la saveur antique et la pure latinité de cette pièce nous rappellent le siècle d’Auguste.»

  1. Épigrammes, 14
  2. Histoire littéraire de Lyon, II, 497. Un écolier moins érudit que celui dont parle Macaulay n’aurait aucune peine à retrouver l’origine de la première moitié de cette ode.