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CHAP. XI. — LES COMMENTAIRES

que la méthode de Dolet n’aurait pas été entièrement comprise et aurait été vivement critiquée ; aussi il l’explique plus d’une fois, et veut qu’on sache qu’elle est due à son invention, ce dont il avait quelques raisons d’être fier[1]. « Dans ces Commentaires», dit-il, dans une note, « mon intention première a été d’innover une méthode lexicographique, qu’aucun helléniste ou aucun latiniste ne pussent réclamer pour sienne. Cet arrangement (comme vous aurez pu le voir en parcourant mon ouvrage) est nouveau en ce que je ne suis pas l’ordre alphabétique, comme le fait toute la troupe des grammairiens ordinaires, mais je réunis les choses aux choses et je rapproche les expressions qui ont entre elles de l’analogie.» Et dans une longue dissertation qui se trouve à la fin du second volume[2], après avoir établi qu’il s’efforçait d’expliquer non seulement la signification des mots, mais la nature des choses spécifiées de façon à réunir en quelque sorte des traités complets sur un grand nombre de questions (res bellicœ, navales, rusticœ, cœlestes), il continue en ces termes : «J’ai cherché seulement à expliquer les mots principaux et, pour ainsi dire, distingués. Le dictionnaire de M. Nizolius, ou le Thesaurus de Robert Estienne, ou celui de Calepin (dont une édition vient d’être publiée par les soins de certains savants l’aide et aux frais de Sébastien Gryphius) suffisent pour renseigner sur les noms communs. »

Quand on a examiné la méthode des Commentaires et qu’on passe à la substance même de l’ouvrage, on peut certainement regretter que Dolet ait choisi ses exemples dans un nombre si restreint d’écrivains. Ceux qu’il emprunte à Cicéron sont dix fois plus nombreux que ceux qu’il emprunte à tous les autres auteurs latins reunis, bien que, surtout dans son second volume, il cite souvent Terence, Plante. César, Salluste et Tite-Live et parfois, mais rarement, Pline. Virgile.

  1. Voy. col. 763, 913, 1034, 1083, 1583, vol. II.
  2. Col. 1583.