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ÉTIENNE DOLET

plutôt volumineux que précieux ou remarquables. Ce furent les injures honteuses de certains hommes très cruels (je ne veux pas les nommer) qui m’ont forcé de livrer prématurément mes écrits au public. Mais vous n’ignorez certainement pas (et tous ceux qui connaissent la douceur de mon caractère le savent bien aussi) que, si je me suis montré trop dur à leur égard, la colère que je ressentais et qui était due aux insultes insupportables dont j’ai été l’objet, devenait moins vive, quand tout à coup elle fut ranimée. Je me suis peut-être permis de paraître trop sévère et j’ai montré trop d’animosité, mais la conduite de mes ennemis avait mis ma patience à bout ; j’étais trop blessé déjà pour ne pas éclater.» Après quelques périodes écrites dans le même ordre d’idées, et des attaques contre Erasme (qu’il savait être agréables à Budé), il continue en ces termes :

« Je me suis efforcé maintenant de suivre les règles de vie que la nature nous assigne, c’est-à-dire de faire une œuvre utile et à laquelle pourraient s’intéresser le plus grand nombre de gens possible. Mais j’ai cru devoir penser non seulement à mes chers compatriotes, je veux dire les Français, mais à tous ceux qui aiment la langue latine. Je n’ai pas toutefois entrepris ma tâche dans l’intention de porter atteinte à la réputation des nombreux savants qui, avant moi, ont fait des commentaires sur l’idiome latin avec autant de bonheur que de savoir. Je n’ai ni le désir ni le pouvoir de suivre leurs traces. Ce que je me suis efforcé de faire, c’est de rendre plus complet et de présenter dans un ordre plus commode, pour le plus grand bien de la jeunesse studieuse, ce qui a été plutôt tenté qu’accompli par d’autres. Dans ces Commentaires je laisse un libre champ d’action à ceux qui viendront après moi ; j’ai simplement pensé que la manière qui m’a permis de me familiariser peu à peu avec la langue latine et que la méthode qui m’a donné l’espoir d’arriver à posséder l’abondance des mots et la clarté des expressions ne devaient pas être tenues secrètes, mais que je devais fournir à tous le moyen