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CHAP. XI. — LES COMMENTAIRES

d'étudier comme je l’avais fait et d’appliquer ma méthode à leurs propres études. Voilà surtout ce que j’ai désiré faire connaître. Dès l’âge de seize ans (alors que le roi de France fut trahi sur le champ de bataille de Pavie), étant parvenu à me rendre maître des rudiments de la langue latine, je me suis consacré exclusivement à la lecture de Cicéron, notant avec attention la forme de ses expressions, et j’ai commencé à réunir les matériaux de ces Commentaires, non pas dans le dessein de les publier, mais simplement pour mon usage personnel. Comme j’avançais en âge et en science, ces Commentaires avançaient aussi. Mais lorsque je commençai à acquérir la connaissance du style latin, et à me consacrer à l’étude des formes grammaticales, je me fatiguai quelque peu de mes commentaires, et désirant poursuivre jusqu’au bout l’étude du style latin, je les mis de côté pendant un certain temps. Mais je crus devoir révéler ce qui m’avait été si utile et ce qui ne pouvait pas être inutile aux autres. Je me décidai donc à publier cet ouvrage, commencé dans ma jeunesse, mais entièrement récrit et refondu avec tout le soin, toute la diligence et tout le jugement que je pouvais apporter à cette tâche. Mais outre le désir que j’avais depuis quelque temps d’exciter l’intérêt des jeunes gens laborieux, mon but principal, en faisant paraître mon livre, trop tôt à mon gré, a été la crainte d’être entraîné par des études plus importantes et de ne plus être disposé à reprendre des travaux plus modestes. Car je médite une entreprise très sérieuse ; j’ai l’intention, après avoir achevé ces Commentaires, de préparer une histoire de notre époque. Voilà ce que la jeunesse qui aime la littérature peut attendre de moi, si toutefois l’on peut faire des projets d’avenir. Ma patrie ne pourra pas me reprocher d’avoir passé mon temps à écrire des œuvres sans valeur et sans utilité. Et de même que j’ai consacré ma jeunesse et mon âge mûr à des travaux honorables et méritoires, je veux consacrer ma vieillesse à des études semblables, à moins qu’une mort prématurée ne vienne me surprendre. Je réaliserai ainsi amplement