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ÉTIENNE DOLET

que remulcus signifie un petit bateau, qu’il donne un mot qui n’existe pas — remeculum — pour désigner une sorte de bateau dont se servaient les habitants de Lemnos, qu’il écrit embatœ au lieu de epibatœ, et attribue à Pline un passage d’Ulpian où le mot se présente, et enfin qu’il cite ce vers de l’Enéide :

Quot prius œeratœ steterant in littore PRORÆ[1]

en mettant prorœ au lieu de puppes qui, d’après Estienne, est la vraie version.

Les malheurs de Dolet, nous l’avons vu, furent cause du retard apporté à la publication du second volume des Commentaires, et lorsque parut le livre de Charles Estienne, les Commentaires n’étaient pas encore achevés. Dolet ne perdit pas de temps, il répondit aussitôt à son adversaire. Il imprima immédiatement, en un volume séparé, toutes les feuilles des Commentaires relatives aux questions navales, sous le titre de Stephani Doleti de re Navali liber ad Lazarum Bayfium[2] . Cet opuscule était précédé d’une lettre adressée à Baïf, contenant une défense très étudiée et assez heureuse, dans laquelle Dolet se plaint très amèrement, et avec toute la violence de langage qu’il avait coutume de montrer en pareil cas, de la conduite de Charles Estienne. Toutefois, dans la première partie de cette lettre, il reconnaît les mérites de son adversaire, mais il ne tarde pas à lui lancer toutes sortes d’invectives, se flattant de croire que ce n’est pas Baïf qui a donné l’idée de commencer l’attaque.

«Étienne Dolet à Lazare Baïf :

«Il m’est fort pénible que vous, à qui j’ai témoigné le plus grand respect, vous soyez, soudainement et sans cause, assez irrité contre moi pour désirer méchamment provoquer (ne

  1. Encide, IX, 121.
  2. Lugduni, apud Seb. Gryphium, 1537.