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CHAP. XII. — L’ACCUSATION DE PLAGIAT

devrai-je pas plutôt dire encourager ou favoriser) une nouvelle attaque qui porte atteinte à ma réputation. Ce qui m’est pénible encore, c’est qu’au lieu de m’attaquer ouvertement, en votre propre nom, vous ayez choisi comme champion un homme que j’ai en haute estime, et dont j’ai toujours parlé partout en termes très respectueux. Mais cependant je ne voudrais pas vous condamner précipitamment, je voudrais plutôt avoir la persuasion que c’est lui qui de son propre mouvement a cherché une occasion de m’attaquer, et que vous n’avez été ni le promoteur ni l’instigateur de calomnies aussi noires. J’ai meilleure opinion de votre prudence, de votre gravité, de votre modération et de votre équité, et je ne crois pas un instant que vous ayez voulu vous montrer malveillant à mon égard. Aussi je laisse de côté les soupçons de haine et d’inimitié, et je veux que ce soit vous qui tranchiez la question. Soyez donc mon juge ; je vais vous exposer les faits afin que, la cause entendue, vous puissiez clairement et à coup sûr prononcer un jugement qui me favorise ou qui favorise mon adversaire. La question est si claire qu’elle peut s’expliquer sans qu’on ait besoin de rechercher les effets oratoires ou les trop grandes délicatesses de langage.

« Dans l’année de la grossesse de la Vierge ou (pour ne pas prêter le flanc aux calomnies des calomniateurs) du crucifiement de Christ 1536, le premier novembre, comme j’étais Lyon, consacrant tout mon temps et toute mon attention à la publication du second volume de mes Commentaires, votre De re navali me fut envoyé par Christophe Richer, homme très docte et plein de bienveillance et de courtoisie. Il se trouva que les feuilles de mes Commentaires, contenant les mots relatifs à la marine, s’imprimaient alors. Cette circonstance me fit lire votre livre d’un bout à l’autre avec un intérêt et un soin particuliers. Je m’en rendis maître (j’emploie à dessein cette expression pour indiquer avec quelle attention je le lus). En l’étudiant je ne remarquai aucun passage où nous ayons traité ou expliqué les même choses, ex-