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ÉTIENNE DOLET

tout parce que jusqu’ici aucun de ses biographes n’en a parlé. Le 10 août 1536, le jeune dauphin mourut à Tournon, pour avoir eu l’imprudence de boire un verre d’eau glacée à Lyon, quatre jours auparavant. Cette mort, comme c’était l’habitude, fut attribuée à un empoisonnement, et Sébastien Montecuculi fut victime de cette accusation imaginaire. Un petit volume de poèmes latins et français intitulé : Recueil de vers Latins et vulgaires de plusieurs poêtes Francoys , composés sur le trespas de feu Monsieur le Daulphin (il comprenait des épitaphes dues à Marot, à Saint-Gelais et à Macrin), fut publié à Lyon trois mois après chez François Juste, par les soins de Dolet, si mes suppositions sont fondées. L’avant-propos est écrit dans un style qui ressemble au sien, et la première ode du livre, adressée par lui aux poètes de France, sert en quelque sorte de préface poétique à l’ouvrage entier, qui de plus contient trois autres pièces de Dolet[1].

Il est probable en effet que Dolet travaillait à cette époque pour François Juste, aussi bien que pour Gryphius. Ses services chez ces deux imprimeurs restaient absolument distincts. Juste s’occupait avant tout des livres français, tandis que Gryphius se bornait presque entièrement à imprimer des livres latins. Il n’est pas douteux que celui-ci regardait, sinon avec mépris, du moins avec un certain sentiment de supériorité, les Juste, les Nourry et les Arnollet, qui imprimaient en langue vulgaire la littérature populaire du temps ; il ne pouvait y avoir de rivalité entre lui et eux. L’unique livre français que Gryphius

  1. La plus grande partie de ce volume comprend des compositions de Dolet et de ses amis. Parmi les collaborateurs, on peut citer Voulté, les deux Scève (Maurice et Guillaume), Marot, N. Bourbon, Jean des Gouttes (Janus Guttanus), Pierre du Châtel, Claude Fournier, J. Canappe et A. du Moulin. Leurs compositions et celles de Dolet occupent vingt et une pages sur les trente-six du livre ; le reste est réservé à des odes de S. Macrin, Mellin de Saint-Gelais, Gilbert Ducher, Guillaume Mellier, H. Appianus, P. Piochetus, J. Gagnius, Lateranus et C. Elvamus. Les cinq derniers noms me sont totalement inconnus. Macrin devint sans nul doute l’ami de Dolet un peu plus tard, mais je ne sais s’ils se connaissaient à ce moment.