avait jusque-là daigné imprimer[1], — les Arrêts d’Amour de Martial de Paris, — était accompagné d’un savant commentaire latin de Benoît Court, qui à lui seul peut-être recommandait l’ouvrage au docte typographe. Le père de Colonia[2] nous dit que Benoît Court écrivit trois livres ; le premier fut un conmentaire en latin sur les Arrêts d'Amour, ouvrage « frivole, s’il en fut jamais, et qui ne méritoit certainement pas d’avoir pour imprimeur le célèbre Sébastien Gryphius». Pernetti[3] dit presque dans les mêmes termes que la plus grande gloire de cette production « est d’avoir eu pour imprimeur Sebastien Gryphius ». D’un autre côté, ces deux écrivains s’accordent à déclarer que «le troisième ouvrage auroit pu suffire à lui seul pour immortaliser son auteur». C’est l’histoire naturelle des arbres et jardins. Mais les vicissitudes des temps amènent leur vengeance. Les classiques latins de S. Gryphius sont depuis longtemps descendus dans les limbes des « vieux bouquins » ; on les chercherait en vain dans les catalogues de Fontaine, de Bachelin-Deflorenne ou de Quaritch, tandis que les livres français imprimés par lui sont encore avidement recherchés, et ses trois éditions des Arrêts d’Amour, avec les Commentaires de Benoît Court, sont parmi les rares publications sorties de ses presses, qui trouvent toujours des acquéreurs et assez fréquemment des lecteurs. L’immortalité accordée à Benoît Court pour son histoire naturelle des arbres n’a pas été de longue durée ; les commentaires sur les Arrêts d’Amour sont admirés par les juristes pour la science et les recherches, par les lettrés pour le badinage amusant quoique
- ↑ On cite dans le catalogue de La Vallière une édition du premier livre de la Métamorphose d’Ovide, translaté en français, par Marot, comme étant de Gryphius (1534) ; ce même ouvrage est cité par Brunet comme «sans date, vers 1533», mais M. Guiffrey : Œuvres de C. Marot. II. 261-262, n’en fait pas mention et dit qu’il ne connaît pas d’impression «du premier livre antérieure à l’édition donnée par Estienne Roflet, en 1534.»
- ↑ Hist. litt. de Lyon, II, 475.
- ↑ Les Lyonnais dignes de mémoire, I. 329.