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CHAP. XIII. — TRAVAIL ET LOISIR

blement le grec. Je crois que ce fut pendant son séjour a Lyon, au commencement d’octobre 1535, qu’il fit la connaisance de Dolet. Au mois d’octobre de cette année-là, Robert Britannus, — il avait alors quitté Bordeaux, — écrit à Dolet de Toulouse pour lui présenter un de ses ex-collègues qui, dit-il, avait enseigné le grec au collège de Guyenne pendant que lui, Britannus, y enseignait le latin[1]. Je suppose que cette personne était Voulté, et il est certain que ce fut à cette époque qu’il se lia avec Dolet. (Il se peut toutefois que ce fût Hervet ou encore Charles de Sainte-Marthe.) Une vive amitié les réunit, pareille à celle qui réunissait Voulté et Boyssone. Dans un volume d’épigrammes de Voulté, imprimé en 1536, non seulement il en consacre seize à la louange de Dolet, mais, dans la dédicace qu’il adresse au cardinal de Lorraine, il parle de son ami en termes qui disent sa très haute admiration. Pendant plusieurs années Dolet, Voulté et Boyssone ne cessèrent d’avoir d’excellents rapports, et si nous ne pouvons accorder à Voulté de grands mérites comme poète, nous pouvons nous permettre de louer hautement comme ami un homme qui était prêt à rendre tous les services qu’on réclamait de son amitié et même plus encore.

Quoiqu’il fût maître ès arts, il étudiait encore le droit à Toulouse et enseignait en même temps, lorsque les troubles dont il a été question plus haut, firent suspendre les cours et licencier professeurs et élèves. Suivant les conseils de Jacques de Minut et de Jean de Pins, il se décida à abandonner le droit et à se consacrer exclusivement à la littérature[2], qui, comme c’était le cas de Dolet, avait été sa première maîtresse. Aussi suivit-il Dolet à Lyon (probablement en compagnie de Jean de Boyssone), et il semblerait qu’il y passa l’été de 1536. Nous voyons par une lettre de Matthieu Pac à Boyssone.

  1. Britanni Orationes, etc. Tolosæ 1536, p. 76.
  2. Épitre à J. de Boysonne placée en tête du second livre d’épigrammes de Voulté, première édition. P. 98.